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PME Magazine vom
28.04.2006 Luigino Canal, 25171 signes |
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Dix idées fausses sur
latéléphonie par le Net |
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- La convergence du téléphone et du Web
révolutionne le monde des télécommunications.
L'intégration de la voix sur un protocole Internet
(IP) casse le coût des appels et apporte de
nouvelles fonctionnalités grâce à la fusion de
l'informatique et des télécoms.
- Mais la
VoIP inquiète encore les entreprises. Elles ont
peur de l'adopter. Alors qu'elle intéresse de plus
en plus les particuliers.
- La technologie
traditionnelle commutée aura disparu au profit de
l'IP d'ici cinq à dix ans.
Impossible
d'échapper à la téléphonie sur Internet. Présentée
comme la technologie du futur pour les télécoms,
la Voice over Internet Protocol (VoIP) encode la
voix en paquets pour la rendre transportable sur
Internet. C'est d'abord les particuliers qui ont
été séduits par ce système. Près de 300 millions
d'internautes ont téléchargé un programme qui
permet de communiquer à bas prix depuis son
ordinateur. Emblème de ce succès, la société
Skype, qui annonce plus de 50 millions
d'utilisateurs réguliers.
Mais ce simple
service de téléphonie via Internet n'est que la
partie visible des applications offertes par la
VoIP. Sa mise en place permet bien plus, notamment
la convergence des réseaux téléphonique et
informatique. Actuellement, environ 100 000 lignes
IP sont installées chaque année en Suisse. D'ici à
cinq à dix ans, la téléphonie commutée aura
quasiment disparu. Quels avantages et quelles
contraintes implique cette nouvelle technologie?
Dix idées fausses.
Les appels sont
totalement gratuits
Pas forcément. Un accès
à Internet est nécessaire pour utiliser la VoIP.
Certes, le coût est nul lors d'une communication
entre deux ordinateurs qui ont téléchargé le même
logiciel. Mais dès que l'on quitte le Web pour
passer sur le réseau téléphonique classique les
appels redeviennent payants. Pour un particulier
qui téléphone depuis son PC, le tarif, par rapport
aux opérateurs traditionnels, reste très
avantageux s'il contacte un numéro fixe. Le rabais
est moindre pour un appel vers un mobile.
Chez Skype, par exemple, la minute vers un
téléphone fixe en Suisse est facturée environ 3
centimes, alors qu'un appel vers un mobile coûte
45 centimes la minute. Avec Swisscom, le tarif
normal pour contacter un poste fixe est de 8
centimes, et il varie de 41 à 55 centimes pour un
mobile. Mais la concurrence fait rage. Yahoo a
lancé récemment une offre de téléphonie sur
Internet en cassant les prix.
Dans un cadre
professionnel, une migration IP contribue à
réduire le coût du budget télécoms, ne serait-ce
qu'en transformant les appels avec les filiales ou
succursales en communication interne gratuite. En
revanche, les téléphones vers l'extérieur et vers
les mobiles restent payants aux tarifs de votre
opérateur IP.
Seul un cercle restreint
d'utilisateurs est concerné
Totalement
faux. Bien que cela dépende des besoins de chacun.
Les solutions IP sont multiples, mais peuvent se
classer en trois catégories. Premièrement, les
simples logiciels (Skype, Yahoo, etc.) pour
communiquer depuis un ordinateur. Parfait pour
contacter des interlocuteurs clairement définis,
surtout s'ils se trouvent à l'autre bout de la
planète. Les communications sont bon marché, mais
la qualité du son est variable. Deuxièmement,
l'installation d'un adaptateur qui se branche
directement sur la prise d'accès à Internet. Idéal
pour un particulier ou une entreprise de quelques
employés. Cela permet d'utiliser son téléphone
classique et de se passer de l'ordinateur, mais
vous devez vous abonner auprès d'un opérateur.
Parfaitement mobile, ce système peut être
emporté en voyage, en Suisse ou à l'étranger.
Branché sur une ligne à haut débit, vous êtes
alors joignable comme à la maison et vos appels
sont facturés au même tarif. Au lieu de ce
boîtier, vous pouvez aussi acquérir un téléphone
IP. Troisièmement, la migration partielle en
conservant l'infrastructure existante ou
totale, avec l'acquisition d'un central et de
téléphones. Cette solution concerne surtout les
sociétés. Dans ce cas, on parle de téléphonie sur
IP (ToIP).
C'est compliqué et hors de prix
à installer
Faux. Pour un particulier, il
suffit de quelques minutes pour installer un
logiciel gratuit et, si besoin, de brancher un
micro et un casque. C'est la configuration la plus
simple pour les internautes de se parler via une
connexion à haut débit (ADSL ou câble). Et sans
nécessairement être client d'une offre de
téléphonie. Vous n'êtes toutefois joignable que
lorsque votre ordinateur est connecté.
Les
solutions plus élaborées, avec un adaptateur
téléphonique ou un téléphone IP, impliquent de
souscrire un abonnement auprès d'un opérateur
VoIP. Plus besoin d'allumer son PC, mais attention
aux tarifs, qui varient fortement selon les
sociétés.
Des start-up comme Switzernet ou
Vipn se sont engouffrées dans ce marché
prometteur. La première, basée à Ecublens,
commercialise des appareils IP préconfigurés et
fournit un numéro de téléphone du réseau fixe en
Suisse. Pour les voyageurs, Switzernet
commercialise un adaptateur à connecter à
Internet. Ce qui permet aux utilisateurs de
téléphoner et de recevoir des appels avec ce
nouveau numéro comme s'ils étaient en Suisse, sans
frais d'itinérance.
D'ici à la fin de
l'année, il sera même possible d'utiliser son
numéro de téléphone habituel pour ce service.
L'abonnement mensuel coûte 9 francs et les
appareils sont vendus une centaine de francs. Les
appels vers divers réseaux fixes (Suisse,
Allemagne, Royaume-Uni, Etats-Unis) ou mobiles
(Etats-Unis, Singapour) sont gratuits. Les autres
destinations bénéficient de tarifs très bas.
La société compte déjà près de 1000
clients après dix mois d'existence. Sonia Gabriel,
directrice de Switzernet, précise: «Ce sont des
particuliers et des petites entités qui appellent
beaucoup à l'étranger ou qui travaillent sur
plusieurs sites en Suisse ou dans le
monde.»
Fondée fin 2005, Vipn propose une
gamme de produits IP. Yannick Evrard, CEO, annonce
d'emblée: «Sur mesure et adaptables aux besoins du
client, y compris en termes de sécurité.» La
start-up genevoise est active tant dans les
services IP, comme la facturation de minutes, que
dans le remplacement des centraux traditionnels
par une solution ToIP. «L'entreprise peut soit
conserver le serveur dans ses locaux pour garder
une mainmise totale sur son système, soit
l'externaliser et nous confier la gestion
technique de son réseau téléphonique IP.» Yannick
Evrard annonce encore être en discussion avec deux
grandes sociétés, «de plus de 5000 employés», qui
s'intéressent à ces services.
Vipn vise
aussi le marché des entreprises d'envergure plus
modeste. Elle va proposer un boîtier, de la taille
d'un lecteur DVD, qui permet de connecter jusqu'à
255 utilisateurs avec des téléphones IP. Vipn peut
le gérer à distance et modifier les
fonctionnalités selon les demandes des
utilisateurs. Son prix se compose d'un coût fixe
d'environ 400 francs par téléphone connecté et
d'un abonnement mensuel qui varie entre 6 et 20
francs selon les services et la tarification des
appels. Vipn compte offrir un plus à ses clients
en leur proposant un accès à plusieurs dizaines de
milliers de bornes Wi-Fi dans le monde pour qu'ils
puissent se connecter sans fil lors de leurs
déplacements.
Les avantages sont
minimes
Faux. En plus de tarifs plus
avantageux pour les appels, la ToIP apporte de
nombreux atouts aux entreprises. «Les gains
s'observent principalement au niveau des coûts
d'administration, car une solution IP engendre une
grande flexibilité et devient un outil très
puissant lorsqu'elle marie plusieurs médias»,
précise Denis Waechter, qui s'occupe du marché
suisse chez l'équipementier 3Com. La ToIP intègre
les fonctions de téléphonie traditionnelle, ainsi
que de nouvelles applications, comme la
possibilité pour un utilisateur d'être joignable
sur son numéro de poste quel que soit le site où
il se trouve, la vidéotéléphonie, l'enregistrement
des communications et la convergence fixe-mobile.
Exit les problèmes liés au déplacement de
téléphones entre postes de travail. Il suffit de
rebrancher l'appareil IP dans une autre prise du
réseau pour que le numéro direct de l'utilisateur,
sa boîte vocale et ses paramètres personnels
soient automatiquement reconnus.
Comme la
ToIP permet de placer sur le réseau informatique
la voix et les données, le PC peut être transformé
en centre de communication. La gestion des
fonctions disponibles pour la téléphonie
(déviation des appels, enregistrement d'un message
vocal, etc.) se fait désormais à partir de
l'ordinateur, ce qui simplifie la gestion des
différentes tâches. Grâce à la fusion du carnet
d'adresses avec la téléphonie, lors de chaque
appel entrant le nom de l'appelant et son
éventuelle fiche client s'affichent sur le PC
sauf, bien sûr, si la personne qui appelle
choisit de masquer son numéro.
Les appels
sortants s'effectuent à partir de l'ordinateur
avec un simple double-clic sur l'écran.
L'intégration des messages vocaux et des fax dans
la messagerie du courrier électronique permet de
mémoriser et d'archiver à un seul endroit tous les
types de messages. Toutes ces intégrations offrent
un gain de temps important, aussi bien à l'usager
qu'au gestionnaire du réseau interne, qui
supervise tout le système depuis un poste central.
La société possède les clés de l'administration de
son central IP. Chaque utilisateur gère son profil
selon ses besoins sans avoir recours à un
technicien.
On peut adopter la VoIP
n'importe quand
Oui et non. Pas de problème
pour un particulier qui désire faire de la simple
téléphonie depuis son PC. Il lui suffit de
télécharger un logiciel sur Internet, le même que
celui de ses contacts. Pour une entreprise, le
passage à la ToIP doit être analysé avec soin. Un
réseau complet de téléphonie sur IP est plus
difficile et coûteux à mettre en place qu'une
passerelle voix sur Internet.
Il est
inutile de changer pour changer. Cependant, toute
entreprise devrait envisager la solution ToIP en
cas de modification de son installation: que ce
soit lors d'un déménagement ou lors du
renouvellement de son central téléphonique
classique, ou encore si elle veut développer de
nouvelles applications, comme un centre d'appel ou
une gestion centralisée de tous les messages.
Bref, pour une société, c'est surtout dans une
phase de mutation qu'elle doit se poser la
question d'un passage à la ToIP.
Reste que
la migration totale vers un central téléphonique
IP représente une petite révolution dans une
entreprise. Elle doit procéder à un audit de son
réseau actuel et planifier le changement. Le
personnel devra être formé, comme avec la plupart
des nouveautés. Une société ne devrait pas se
lancer dans ce changement sans le soutien d'un
spécialiste en télécommunications.
Pour
profiter pleinement des fonctionnalités de cette
technologie, il faut acquérir un parc de
téléphones IP. Des appareils plus chers que les
modèles classiques. L'investissement dépendra donc
de la taille de la société.
Seules les
grandes entités sont concernées
Totalement
faux. Particuliers, petites et moyennes
entreprises ou grands groupes internationaux, la
téléphonie sur IP est pertinente pour tous. La
mise en place de la voix sur IP est importante
pour une entreprise voulant améliorer ses
communications afin d'offrir de nouveaux services
aussi bien à ses employés qu'à ses clients ou
fournisseurs.
Le canton de Vaud a été
précurseur en débutant sa migration ToIP en 1998.
L'ensemble de son administration, plus de 5000
postes équipés, utilise cette solution. Un
basculement qui a engendré une économie de 30% sur
les coûts de maintenance et de communications.
D'ici à 2010, toute l'infrastructure téléphonique
de la Poste, soit quelque 26000 raccordements
répartis sur plus de 2500 sites, va basculer vers
la ToIP. L'Etat de Genève, des compagnies
d'assurances et des sociétés comme Rolex, la BCV,
Kudelski et Serono ont déjà franchi le pas.
Pourtant, les entreprises ont de la peine
à adopter ce système. La directrice de Switzernet
complète: «Elles ont peur du changement et de se
lancer dans la jungle des offres téléphoniques
pour comparer les prix. C'est souvent un employé
ou un technicien qui s'intéresse au monde des
télécoms qui présente cette nouvelle solution à
son employeur.»
La ToIP est pertinente pour
créer un réseau parallèle privé entre plusieurs
sites dans le pays et à l'étranger. Plus le
potentiel d'utilisateurs est grand, et plus on
parle «entre soi», plus les économies seront
importantes, car le coût d'un appel vers une
filiale équipée est nul. La ToIP permet d'unifier
l'infrastructure télécoms, de simplifier la
gestion du réseau et des utilisateurs. Des
solutions sont spécifiquement destinées aux
petites sociétés qui disposent d'un budget
restreint. Il existe des modèles mixtes avec une
passerelle IP qui, pour un investissement minime,
offrent les avantages de la ToIP pour l'ensemble
des transactions intersites de l'entreprise.
Il n'est pas nécessaire de changer les
téléphones, le réseau local ou même l'architecture
de la téléphonie. La passerelle s'occupe de toutes
les conversions téléphonie classique/téléphonie
sur IP. Ce sont des systèmes évolutifs qui peuvent
être adaptés au fur et à mesure de la croissance
de l'entreprise.
La technologie n'est pas
encore fiable
Faux. Les solutions ToIP sont
aujourd'hui aussi fiables que la téléphonie
traditionnelle. Siemens propose un téléphone sans
fil à la norme DECT avec la fonction VoIP
intégrée. Ce modèle hybride, qui peut être utilisé
comme un téléphone conventionnel, est doté d'un
raccordement pour le réseau câblé et pour le
réseau local. Cisco vient de présenter une
nouvelle gamme IP destinée aux sociétés pour la
voix, les données et la vidéo. Reste que la
technologie évolue constamment.
Le
protocole SIP (Session Initiation Protocol) est en
train de s'imposer comme le standard de la voix
sur IP dans les sociétés. Les analystes estiment
que SIP est appelé à remplacer les modes de
communication traditionnels. Mais ce protocole
ouvert devra s'adapter aux infrastructures
propriétaires déjà en place dans les sociétés pour
convaincre. Une standardisation des services est
encore nécessaire pour stabiliser ce marché. Par
ailleurs, comme la VoIP est en vogue, des sociétés
la proposent sans forcément maîtriser la
technologie. Il s'agit donc de faire le tri entre
vrais et faux experts pour éviter les mauvaises
surprises.
La sécurité n'est pas
garantie
Partiellement faux. Il faut faire
la distinction entre la VoIP (simple téléphonie
sur Internet) et la ToIP. La première désigne le
transport du trafic vocal sur le réseau Internet
public grâce à un logiciel adapté. C'est la
technologie utilisée par des sociétés comme Skype,
Yahoo ou Microsoft. Ce système est un service
spécifique de VoIP. Il peut convenir pour des
particuliers, mais il n'est pas recommandé pour
les entreprises à cause de sa nature aléatoire et
de sa sécurité incertaine. Depuis quelques mois,
des sociétés, des banques et des universités
interdisent l'utilisation de logiciels style
Skype. Elles estiment que ce software surcharge le
système et ralentit les autres programmes. En
plus, la sécurité informatique n'est pas garantie
à 100%: Skype est une porte ouverte sur le monde
extérieur. Un risque gérable pour un particulier,
mais inacceptable pour une entreprise.
En
revanche, l'utilisation d'un protocole Internet
pour le transport de la voix sur un réseau privé
procure un niveau de sécurité nettement plus
important.
Reste qu'avec l'IP le réseau
est connecté sur Internet, ce qui ouvre des
brèches supplémentaires pour les intrus. Il faut
mettre en place les outils nécessaires pour rendre
le système fiable. Pas trop d'inquiétude au niveau
des bogues informatiques. Les téléphones IP
partagent le réseau de données avec les PC et les
serveurs, mais ils n'ont pas recours aux
ordinateurs pour les communications vocales. Donc,
si un PC tombe en panne, les appels voix peuvent
se poursuivre sans problème.
La VoIP
suscite la polémique au sein des services de
sécurité. Le débat est né aux Etats-Unis.
Aujourd'hui, la téléphonie sur IP ne permet pas de
localiser l'utilisateur lorsque celui-ci est en
déplacement. Les services de secours ne peuvent
donc pas authentifier l'appel. Comment fait-on
pour appeler les secours quand on ne dispose plus
que de téléphonie sur Internet? «On utilise son
mobile!», lance sans ironie l'un des acteurs du
secteur.
Mais les autorités américaines
s'inquiètent d'un autre problème, à leurs yeux
beaucoup plus préoccupant: comment écouter, même
légalement, certaines communications? La
technologie VoIP complique singulièrement le
travail de la police. Les conversations via
Internet sont très difficiles à pirater.
On
ne peut pas téléphoner partout
Totalement
faux. Tous les numéros et toutes les destinations
sont atteignables. Lors de vos déplacements, vous
restez joignable sous le même numéro dans le monde
entier dès que vous vous connectez à Internet,
soit via votre PC, soit avec un adaptateur
téléphonique IP.
Le tarif, tant pour ceux
qui vous contactent que pour vos appels, est le
même que celui facturé lorsque vous êtes en
Suisse. Le transfert de votre numéro de téléphone
habituel vers la VoIP est aussi
possible.
Les opérateurs historiques vont
disparaître
Faux. Mais la concurrence
s'intensifie. Les solutions du type Skype ont de
quoi faire frémir les opérateurs, qui vont devoir
s'adapter. Une étude de la banque américaine
Morgan Stanley estime que «le transport de la voix
via le Web va accroître l'érosion des ventes des
opérateurs historiques européens». Les
fournisseurs d'accès à Internet représentent
aujourd'hui «le nouveau danger». L'établissement
prévoit que 36% des Européens abonnés à l'ADSL
utiliseront des services VoIP en 2010. Les
opérateurs historiques devraient voir leur chiffre
d'affaires issu de la téléphonie fixe décliner en
moyenne de 2,3% par an au cours des cinq
prochaines années.
La VoIP est maintenant
un enjeu majeur. Les principaux acteurs du monde
des télécoms sont au coude-à-coude. Microsoft a
racheté Teleo, un des spécialistes de la voix sur
IP, et Google a lancé Google Talk. «Dans la tête
des utilisateurs, la minute de téléphone en
national n'a pas de valeur en tant que telle. Elle
s'inclut dans un forfait ou elle est gratuite»,
explique la société Wengo, filiale de Neuf
Telecom, le concurrent fran™ais de Skype.
Dans l'Hexagone, des opérateurs proposent
des forfaits intégrant téléphonie sur IP, accès à
Internet à haut débit et télévision. C'est le seul
moyen de contrer la concurrence de la VoIP.
Inquiets pour leur part de marché, les opérateurs
traditionnels se sont lancés dans l'arène. Une
obligation plus qu'un choix.
Etienne
Marclay, responsable stratégie à la division PME
de Swisscom Fixnet, confirme: «La VoIP est une
tendance de fond, tout le monde s'y intéresse.» Il
estime que d'ici cinq à dix ans, la technologie
traditionnelle commutée aura disparu au profit du
protocole Internet. «Swisscom a déjà équipé de
nombreuses multinationales et nous préparons pour
cette année de nouveaux produits spécifiquement
destinés aux petites et moyennes entreprises.»
Chez son grand rival, Sunrise, la ToIP est
considérée comme un développement stratégique.
Jesper Theill Eriksen, nouveau CEO de Sunrise,
projette: «Cette technologie représente pour nous
une opportunité d'attirer de nouveaux clients,
alors que pour Swisscom elle entraîne une baisse
de ses revenus. Nous allons donc investir
massivement pour être le numéro un en Suisse dans
les solutions ToIP.»
Signe que cette
direction est la bonne: depuis 2005, pratiquement
toutes les grandes entreprises romandes qui
deviennent clientes de Sunrise demandent
l'IP.
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VoIP versus
ToIP
La VoIP est le nom générique
définissant le transport de la voix par paquets
sur le protocole Internet. Il faut faire la
distinction entre la simple téléphonie sur
Internet et la téléphonie sur un protocole
Internet (ToIP).
La première désigne le
transport du trafic vocal sur le réseau Internet
public grâce à un logiciel adapté. C'est la
technologie utilisée par des sociétés comme Skype,
Yahoo ou Microsoft. Ce système est un service
spécifique de VoIP. Il peut convenir pour des
particuliers, mais il n'est pas recommandé pour
les sociétés à cause de sa qualité aléatoire et de
sa sécurité incertaine. Dans le cadre d'une
entreprise, on parle de téléphonie sur IP (ToIP).
Le trafic VoIP, lui, peut être acheminé sur un
réseau privé contrôlé ou sur le réseau Internet
public.
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3 questions à
Raffaello Dolci Responsable Cisco
Suisse
Quels sont les critères qu'une
entreprise doit prendre en compte pour décider
d'une migration vers la Téléphonie sur
IP?
D'abord elle doit clairement définir
ses besoins et déterminer si la convergence des
divers moyens de communication (téléphone,
messagerie, vidéo, partage de documents, etc.)
apportera une plus-value à son métier. Ensuite, il
s'agit de savoir si ses techniciens disposent des
compétences nécessaires pour gérer un système IP
ou s'il est préférable d'externaliser cette
gestion, ce qui est de plus en plus courant.
Enfin, pour la mise en place du réseau IP, il faut
choisir un partenaire qui ait un minimum de
références et qui soit capable de garantir un
niveau de qualité suffisant.
Qu'implique ce
passage et que coûte-t-il?
Il faudra
expliquer aux utilisateurs les raisons et le but
de la migration IP. Les employés devront être
formés aux nouvelles fonctionnalités. Quant au
coût d'une installation IP, il est simple à
chiffrer. Mais le montant varie fortement selon la
taille et les demandes des entreprises. Il existe
des solutions en location dès 15 francs par mois
et par utilisateur. Et, selon les besoins,
différents services seront ajoutés de manière
modulaire en fonction de la société. Pour un grand
groupe ou une multinationale, l'investissement se
compte en centaines de milliers de francs ou en
millions pour des projets de plusieurs dizaines de
milliers de postes.
Quelles sont les
principales réticences des sociétés?
Elles
sont surtout inquiètes au niveau de la sécurité,
car il y a une confusion entre la ToIP et la
téléphonie sur Internet avec des logiciels comme
Skype. La sécurité s'est fortement développée et
elle est aujourd'hui nettement supérieure au
système de communication classique. Ce ne sont pas
de simples pare-feu comme sur les accès à
Internet. Les serveurs sont sécurisés et les
moyens de chiffrement garantissent la
discrétion.
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Migrations IP
réussies. La preuve par l'exemple.
David
Feldman, Genève. «Depuis que nous avons installé
un système ToIP, notre facture téléphonique a
chuté de 60%.» Basée à Genève, cette maison
spécialisée dans les enchères est surtout active à
l'étranger d'où une facture en communications qui
se chiffre en milliers de francs. Pour réduire ce
coût, elle s'intéresse aux solutions IP, mais
découvre que les produits disponibles sur le
marché sont trop cher pour une petite société.
«L'investissement n'était amorti qu'après 5 à 7
ans.» Fin 2005, une solution sur mesure est
développée en interne. Après l'achat d'une
trentaine de téléphones IP entre 300 et 500
francs pièce la migration a été effective.
Résultat, sa facture téléphonique de mars, un mois
creux, a chuté de 2000 à 800
francs.
Transports publiques lausannois
(TL). C'est en 2003, lorsqu'il a fallu remplacer
un central téléphonique devenu obsolète, que les
Transport publics lausannois ont envisagé la ToIP.
Jean-Philippe Suter, responsable exploitation et
maintenance des systèmes d'informations aux TL,
rappelle: «A l'époque cette technologie
balbutiait. Aujourd'hui nous sommes totalement
satisfait de notre choix.» L'entreprise a investi
quelque 300000 francs dans cette migration. Un
montant déjà amorti puisque, par rapport à un
central traditionnel, les économies réalisées au
niveau du câblage des bâtiments, de la gestion du
système et surtout de l'intégration des réseaux
fixe et mobile, sont chiffrées à 100000 francs par
an.
Bernard Nicod, Lausanne. «Lorsque nous
avons décidé de faire évoluer notre système de
téléphonie avec une série de fonctionnalités comme
la messagerie, la déviation d'appels, etc., nous
avons constaté qu'un central classique coûtait
quasiment le même prix qu'une version IP, mais que
cette dernière offrait d'emblée beaucoup plus de
possibilités, comme la possibilité d'afficher à
l'écran, dès son appel, le dossier d'un locataire
ou d'un propriétaire.» Début 2005, le groupe
immobilier migre. Un investissement compris entre
150000 et 200000 francs pour quelque 250 postes
répartis sur 13 sites en Suisse romande. Le choix
de la ToIP a déjà permis une nette baisse des
coûts de maintenance. Et dès que la migration sera
complète, elle engendrera des économies de 20% sur
les appels.
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