VoIP: comportement des consommateurs en Suisse
- Une alternative aux factures de téléphone trop élevées ?
- Encore un gadget ? Les freins technologiques
- Jajah, je te skype ce soir! La notoriété des marques
- Téléphonie éthique
- Ce qu'attendent les consommateurs
Une alternative aux factures de téléphone trop élevées ?
80% des personnes interrogées trouvent que les communications téléphoniques conventionnelles sont définitivement trop chères. Si la plupart déclarent connaître la téléphonie par Internet, beaucoup pensent que cette technologie se limite aux conversations via un ordinateur. Moins de la moitié des «sondés» savent que l'on peut aussi utiliser un téléphone normal et un quart des usagers pensent qu'il faut posséder une ligne téléphonique analogique.
C'est avant tout l’aspect financier qui motiverait les gens qui ont répondu au questionnaire à passer du réseau commuté au réseau Internet, même si la palette de fonctionnalités élargie offerte par le VoIP et la possibilité de téléphoner avec le même numéro partout dans le monde ne laisse pas de glace.
Encore un gadget ? Les freins technologiques
Bizarrement, l’insatisfaction face à la politique de prix imposée par l’opérateur historique et la connaissance d’une technologie alternative ne poussent pas les gens à opter en masse pour la téléphonie par Internet. Plus de la moitié de notre «échantillon» déclare ne jamais utiliser la téléphonie via IP et très peu de «sondés» en font un usage fréquent.
La technologie VoIP est considérée comme peu conviviale, «puisque l'on doit avoir un ordinateur constamment allumé». Personne ne l’associe à l'appareil téléphonique traditionnel. Apparemment, l’information n’a pas encore passé auprès du public.
Oui. On peut téléphoner «comme d’habitude». On change simplement de réseau. C’est tout. Mais l’ignorance des consommateurs est compréhensible: les opérateurs «conventionnels» ne font que très peu de battage autour de ce nouveau produit et l’inscrivent – presque à contrecœur – dans leur catalogue en tentant de garder leurs prérogatives. Quant aux opérateurs offrant des solutions alternatives, ils n’ont souvent pas les moyens de mettre sur pied une campagne publicitaire digne de ce nom.
Jajah, je te skype ce soir ! La notoriété des marques
Plusieurs marques associées à la communication ont été présentées aux participants, qui devaient distinguer parmi elles les entreprises actives dans la téléphonie par Internet. La plupart des usagers associent avant tout «Skype» à la VoIP. Toutes les autres marques ont été balayées. Sunrise, qui se targue d'être le plus grand fournisseur de VoIP de Suisse, n'obtient que 7% des «suffrages». Ce n'est guère plus que Nokia ou Orange qui étaient les «intrus» de la liste proposée. Les marques émergentes comme Switzernet, Wengo ou Jajah, qui offrent des services alternatifs, n'ont pas encore atteint une notoriété suffisante pour contrer l'offre de Skype et surtout celle de la téléphonie classique.
Apparemment – à part Skype – aucune marque n'a su donner à cette technologie la même attractivité qu'exerce par exemple Orange et la téléphonie mobile chez les jeunes.
Téléphonie éthique
En Europe, les débats sur les comportements des acteurs globaux d'un côté et la protection des données de l'autre battent leur plein. Des éventuels freins éthiques et socioculturels sont donc susceptibles d'être plus importants qu'en Asie où ces questions jouent un moindre rôle. On constate que, pour les Suisses, la transmission de données personnelles à des tiers représente le plus grand frein à l'utilisation d'un service sur Internet.
En analysant les données selon la fréquence d'utilisation, on constate que les non-utilisateurs semblent moins gênés par la publicité - pourvu que la totalité des services soit gratuite - tandis que les utilisateurs fréquents acceptent plus volontiers de payer certains services complémentaires. Les utilisateurs avertis sont donc d’accord de «passer à la caisse» pour tirer avantage des nouvelles fonctionnalités proposées par la VoIP. On pourrait également imaginer que le fait de payer pour un service correspond à un schéma économique conventionnel accepté par les «connaisseurs».
Ce qu'attendent les consommateurs
Cette enquête succincte nous permet de conclure que les consommateurs attendent un service simple et accessible, qui ressemble le plus possible à la téléphonie classique, élargie de toutes sortes de fonctionnalités. Le tout à des prix cassés! Une communication renforcée sur la possibilité de téléphoner par Internet avec des téléphones traditionnels munis d'adaptateurs ou des téléphones IP s'avère donc nécessaire pour séduire des nouveaux adeptes. Une fois convertis, les consommateurs seront prêts à contracter des abonnements, un business model qu’ils comprennent. Pour l'instant, le petit programme installable «bien sympathique» de Skype permet aux utilisateurs de «voir comment ça marche» et convainc par sa gratuité. Mais de là à affirmer qu’il représente une alternative au monopole des opérateurs classiques… Ce n'est pas la téléphonie de PC à PC qui va inciter les Suisses à abandonner leur bon vieux téléphone.
L’analyse complète
(document au format PDF à télécharger)
Dossier réalisé par Daniela Hoegger
Dossier: Communiquer sans débourser: le grand défi de la téléphonie par Internet